Paysages érodés comme approche à la verticalité en milieu urbain
Maitrise Ambiances Physiques et Design
Prof. Claude MH Demers + André Potvin M.Arch. Ph.D.
Groupe de recherche en ambiances physiques (GRAP) - Faculté d'aménagement, d'architecture, d'art et de design - Université Laval - Hiver 2015
par Sabrina Bureau, Louise Mazauric et Myriam Rodrigue
Confusion
L'esquisse
L’image de l’érosion est traduisible dans le site de Pamukkale. Surgissant de nulle part, un phénomène mystérieux, figé dans le temps, hors échelle, évoquant à la fois l’hiver et l’été, poursuit sa formation ou sa déformation inexplicable et merveilleuse. Mélange de couleurs ; le blanc se marie au bleu, des surfaces lisses se mêlent aux matières rugueuses, d’infimes séparations côtoient le rigide et le fluide, ainsi que des flux de températures chaudes et d’odeurs de sel humide nous interpellent et émerveillent nos sens. Du point de vue le plus haut, les formes organiques et alvéolées des bassins se déversent les uns dans les autres en structurant la topographie. Donnant l’impression d’être dans un autre monde, ce site énigmatique nous invite à plonger dans son univers ambigu; à le démystifier pour le connaître et le comprendre.
Un cube de forme et matière artificielles, laissé à l’abandon sur un site naturel, a permis de traduire ce phénomène poétique et étonnant. Pour se faire, un matériau, tel le polystyrène de couleur légèrement bleuté a été monté en plusieurs couches pour former le volume initial. Ensuite, il lui a été appliqué de l’acétone engendrant la densification et liquéfaction de sa matière, ceci symbolisant le phénomène de l’érosion. La matière est venue se déverser, se creuser pour former d’autres formes de textures différentes créant des espaces imaginaires faisant écho à des galeries, des escaliers, des cascades, des grottes, etc., et mélangeant des nuances de couleurs : du blanc au bleu en passant par le vert. Le résultat donne une forme qui semble désorganisée, mais qui est en réalité contrôlée. Les espaces intrigants produits évoquent l’architecture naturelle du site de Pamukkale en Turquie.
La traduction du phénomène de l’érosion, réalisée sous forme d’un petit volume, pourrait être transposée et imaginée à une échelle architecturale. De cette façon, les pleins deviendraient ce qui est construit et les vides deviendraient des espaces de transitions publics appropriables et modulables permettant le passage de l’extérieur vers l’intérieur. L’espace décrit précédemment se perçoit dans le modèle dans un florilège de couleurs et de formes qui se côtoient et s’entremêlent. Le résultat produit semble être une forme désorganisée, mais elle est en réalité contrôlée : les vides et les volumes sont structurés de manière à ce que chaque façade possède une qualité esthétique différente. Deux d’entre elles sont creusées par la base résultant en un porte-à-faux, tandis que, du côté opposé, une faille divise le volume en deux. La dernière affiche une paroi qui ne dévoile pas l’intérieur. Au point de convergence entre toutes ces faces, le vide structure le volume; il est le centre d’attraction, le lieu de rencontre des éléments (lumière, couleurs, matières).
Dans sa transposition architecturale, l’usager, invité par ce qui lui semblerait être une entrée, y découvrirait un immense atrium parcourant le volume et laissant derrière lui des formes alvéolées, tel que des arches et des escaliers, lui permettant de parcourir le volume et de l’apprécier.
En l’analysant, on constate que, lorsque la lumière frappe la façade de «l’entrée», les rayons lumineux traversent le volume et illuminent tout son centre, révélant ainsi un univers fantastique. Lorsque les rayons jaillissent de la faille du côté adjacent, ils dévoilent une lumière diffuse phosphorescente mettant en valeur la couleur saturée de la matière. Cette observation nous a permis de déterminer l’orientation de la forme obtenue. Les façades de l’entrée seraient positionnées de manière à capter le plus de lumière naturelle possible, donc au sud. Ainsi, ce système permettrait qu’en hiver les rayons du soleil, venant de plus bas, pénètrent la grande ouverture et viennent éclairer et réchauffer le volume par son centre. À l’inverse en été, les rayons du soleil seraient bloqués, créant de l’ombre et rafraichissant l’intérieur.
College of Environmental Design, Japon
Rafael A. Balboa & Kaon Ko
Performing Arts Center, Taïwan
NL Architects